Je n’avais pas encore trois ans lorsque ma mère disparut brutalement de ma vie, des personnes de la famille m’ont faits comprendre qu’elle s’était noyée dans le Nil, mais pourquoi ? Comment ? Je ne le saurai sûrement jamais, et malgré mon jeune âge, elle me manque terriblement. Je connaissait que si peu de choses la concernant, elle aimait les animaux, les fleurs ainsi que le contact avec les autres, et c’est à peu prés tout, donc pas grand choses, mais je savais qu’elle vivra toujours en moi. Quelques mois après la mort de ma mère, mon père avait jugé normal de prendre une nouvelle épouse, une femme de quinze ans sa cadette, Ankeri. Elle avait le visage rond et le regard sournois et pour une raison que j’ai encore du mal à comprendre, elle me détestait, soi-disant elle voyait en moi, et ce malgré mon jeune âge, une future jeune femme dont la beauté surpasserait celle du soleil. Evidement, cela me faisait rire, car je ne comprenais pas exactement ce que cela voulait dire. Mais je savais quand même que mon père me voyait comme la plus précieuse des perles d’Orient, je me souviens encore qu’un jour il m’avait dit, avec un regard emplit de larmes, mais celle qui représente la tristesse, une autre sorte de larme, il était fier, si fier de moi, sa fille...
« Ma fille, ma Khira, m’avait-il dit en souriant profitant ainsi de rare moment d’intimité avec moi pendant que sa femme, ma belle-mère ne se trouvait pas à la maison ; un jour tu deviendras une très belle femme et tu surpasseras les grandes reines par ta beauté, tu seras quelqu’un d’important et de respecter. Alors ce jour-là, je ne veux pas que tu oublies ton vieux père, que tu continues de penser à moi et de me garder dans ton cœur. Promets-le moi, ma petite princesse. »
Alors, je lui avais promis, en le regardant dans les yeux, il avait l’air si triste, il semblait aussi avoir peur, mais à ce moment là je ne savais pas encore de quoi. Et, hélas, après avoir perdu ma mère, et mettre sentis seule pendant pas mal d’année, cinq ans après m’avoir dit ces paroles si tristement ancrées en moi, mon père partit rejoindre ma mère au Royaume des morts, me laissant seule avec une belle-mère et une demi-sœur qui me détestait. Arsinoé, me demi-sœur qui avait trois ans de moins que moi, sournoise et orgueilleuse, elle avait l’habitude de manipuler nos pauvres servantes qui travaillaient dans notre demeure.

Derrière le cortège funéraire, il y avait tant de monde, la famille bien sur mais aussi les prêtres et beaucoup d’égyptiens tout le monde s’était trouvé endeuillé par la mort de mon père. Il avait été un homme juste et bon pour tout le monde, il savait comment remercier les personnes honnêtes et châtier ceux qui volaient ou mentaient.

Depuis la mort de ma mère, je me rendais chaque matin au temple de ma nouvelle mère, si je peux dire ainsi. Le temple D’Isis avec ses colonnes, semblait résister aux méfaits du temps et des hommes. J’avais l’habitude d’y aller très tôt le matin, à une heure où les rues de la ville étaient encore déserte, avant de parler à la déesse, je déposais à ses pieds des offrandes de toutes sortes, or, bijoux en pierres précieuses et tout ce qui pouvait plaire à la déesse, ma nouvelle mère.

« Ô Isis, déesse de toutes les déesses, mère de toutes les mères,
Prends soin de moi, je te remets ma vie et que par mon corps et mon esprit tu prennes vie en moi. »

Et pendant des heures, j’attendais une réponse de celle que je considérais ma mère, la grande déesse. Mais je n’eus de réponse que le jour des funérailles de mon père, de sa voix douce et chaude, elle me dit longtemps :
« Ma fille, ma petite Khira, tu vas avoir un destin lourd à porter, mais je serai là pour t’aider et te guider, tu ne dois pas avoir peur, ma fille. »

Encore aujourd’hui, à l’heure où j’écris ses quelques lignes, je ne comprend toujours pas pourquoi elle m’avait dis cela, oh bien sur je lui ai posé la question mais en vain, mais malgré cela, au fond de moi, je savais que la déesse était là et qu’elle me protégerait.

Mon père mort et après la période de deuil, ma belle-mère repris la route de la fabrique de papyrus de la famille, elle souhaitait reprendre la direction de la fabrique. Ne sachant que faire de moi, elle m’envoya dans le port pour aider les marchands à décharger leurs navires, et dire que je n’avais que huit ans, à ce moment je me souviens, je me demandais ce qu’elle allait faire de moi quand je serai plus vieille.
Alors chaque matin, je quittais ma paillasse avant même que le soleil soit levé, pour aller au port où je portais des ballots qui bien trop souvent étaient trop lourd pour moi. Mais, je ne disais rien, au fond de moi je préférais travailler à m’en faire mal plutôt que de voir ma belle-mère et cette Arsinoé, ma chère demi-sœur qui ne faisait que dormir, manger et se prélasser toute la journée au soleil, elle aimait tellement se faire servir. Et à chaque fois qu’une des servantes lui apportait quelque chose elle trouvait toujours le moyen pour critiquer leur travail.
Pendant quatre années, je ne fis que charger et décharger des navires qui se ressemblaient tous, même si certains venaient de pays lointain tel que l’Inde.
J’avais douze ans depuis quelques mois lorsque j’appris un peu à mes dépends que j’étais maintenant une vrais femme. En fait, alors que je m’affairais à décharger un navire phénicien, un petit flot de sang s’était mis à couler le long de mes cuisses, ce qui déclancha les rires et les moqueries des marins. Je ne savais pas quoi faire, personne ne m’avait jamais appris ce genre de choses, prise de panique, je me mis à courir, ne sachant pas exactement où mes pas allaient me conduire. Après plusieurs minutes de courses entre les rues d’Alexandrie et les berges du Nil, je décidais de m’arrêter dans une petite crique où je pouvais plonger sans me méfier des crocodiles. Je devais me débarrasser de ce sang, mon sang, qui me faisait tant souffrir car à partir d’aujourd’hui ma belle-mère pouvait me faire marier... J’aimais tant cette liberté, mais Ankeri pouvait faire tout ce qu’elle voulait, elle avait tout les droits sur moi. La simple pensée de me retrouver mariée à un vieillard dégoûtant me fis pleurer, moi qui ne pleurais pourtant pas souvent.
Malgré la richesse de ma famille, je me devais de travailler de la sorte, ainsi je me trouvais loin de ma belle-mère. Mais en ce jour, je ne savais pas quoi faire, je ne pouvais pas rentrer chez moi, non. Alors, après plusieurs heures de réflexions, je pris la grande décision de partir, de m’éloigner le plus possible de ma vie dans cette ville. Quittant ainsi mon père et ma mère même si les deux avaient rejoints le royaume des morts depuis bien longtemps. En ce jour, il se passa quelque jours de bizarre, et que j’ai encore parfois, bien du mal à comprendre, le soir, alors qu’il faisait de plus en plus froid et que je pleurait toujours autant, une étincelle se créa dans une de mes mains, apeurée je tomba à terre, puis en essayant de chasser les larmes de mes yeux, je regardais ma main, salis par ma journée de travail, et par ma course à travers les rues. Une petite flamme en sortit, mais elle ne me brûlait pas, au contraire, cette sensation me faisait beaucoup de bien.

Les années passèrent si vite, je ne me souviens que de peu de choses, la petite flamme n’est réapparut que quelques fois, lorsque je pleurais ma mère ou mon père, six années passèrent à vagabonder des pays en pays, telle une paria, un bateau me conduisit en tant que clandestines dans la belle ville de New York. Je ne savais pas trop où aller, mes premières nuits dans la ville furent assez difficiles, dormir sur un banc dans un parc, il y a quand même mieux, je pense. Pour manger, je me servais du peu d’argent que j’avais, et heureusement pour moi, je trouvais toujours de quoi manger dans les poubelles ou sur les bancs…J’avais hâte de trouver un meilleur endroit pour vivre et dormir, mais je savais que la vie ne faisait jamais de cadeaux, et que je devais apprendre à me débrouiller seule, encore et encore, sans faire confiance aux autres. .